L’adoption récente d’une ordonnance autorisant les officiers supérieurs de l’armée gabonaise à opter pour la polygamie comme régime matrimonial a suscité un débat animé au sein de la société gabonaise. Cette décision, prise lors du Conseil des ministres présidé le 22 janvier 2024 par le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a soulevé des questions sur l’équité, la tradition et l’harmonisation des pratiques sociales et légales. Explications.
La polygamie, longtemps considérée comme une pratique coutumière admise au Gabon, avait été restreinte pour les militaires par un décret présidentiel en 1976, les contraignant au mariage monogamique. Cependant, dans les faits, certains officiers entretenaient des relations parallèles, laissant dans l’ombre des femmes et des enfants qui ne bénéficiaient pas de la reconnaissance légale ni sociale.
L’ordonnance récente semble rétablir une certaine équité en permettant aux officiers supérieurs de choisir leur régime matrimonial, y compris la polygamie. Pour certains, c’est une reconnaissance de la réalité sociétale et une restauration des droits des femmes qui ont longtemps vécu dans l’ombre des épouses légitimes.
Depuis l’annonce de cette ordonnance, des voix critiques s’élèvent, soulignant le caractère sélectif de la mesure qui ne concerne que les officiers supérieurs et généraux. Des voix qui méconnaissent la législation. En effet, le nouveau texte étend ce droit aux autres officiers qui souhaitent contracter un mariage polygamique. Toutefois, ces officiers doivent toujours adresser une demande formelle au chef suprême des forces armées, conformément aux dispositions légales en vigueur.
Ces changements législatifs marquent une évolution importante dans le paysage juridique et social du Gabon, reflétant une reconnaissance accrue des pratiques traditionnelles et des services rendus par les militaires. Ils illustrent également la volonté du gouvernement de moderniser les lois tout en préservant les valeurs culturelles et sociétales du pays.